Chérie, si on allait jeter des bananes à des indigènes pour les vacances ?

Extatiques dans le 4×4 qui les conduisaient sur la piste, le couple balayait le paysage de leurs Ray-Ban. “Tu te rends compte chérie, on n’a découvert cette peuplade il y a 10 ans à peine, ils sont si… sauvages, ce sera bien mieux que toutes ces vieilles églises coloniales à Quito, on va vraiment voir comment c’était avant la colonisation espagnole. On part à l’aventure.”

C’était difficile d’en être sûr mais derrière son chapeau à bords larges qui la protégeait du soleil à l’extérieur comme de la clim à l’intérieur, “chérie” semblait acquiescer.

Le guide reprit alors la parole, insistant sur le fait qu’ils n’étaient plus que 403 dans la tribu et qu’il fallait se dépêcher car bientôt, tout changerait. Et heureusement qu’ils eurent besoin un jour de soin médicaux sinon on n’aurait jamais pu mettre la main dessus. Et heureusement que la Police fermait les yeux contre de l’argent mais “on ne sait pas pendant combien de temps ils seront vraiment authentiques. Vous imaginez, ils tuent même les bébés des femmes qui ont eu des rapports avec des personnes hors de la tribu. Ah vous avez bien fait de ne pas tarder, ce sera probablement fini bientôt. En plus c’est la parfaite saison pour venir, vous avez vu ce temps superbe ?”.

400 € pour le tour n’avait pas été donné mais il fallait payer le chauffeur, la Police et les provisions. On ne se rend pas chez les gens les mains vides après tout. Quelques biscuits et bananes feraient bien l’affaire. Et c’était bientôt leur tour. La file des véhicules devant eux se réduisait. On pouvait même déjà “en apercevoir un ou deux”.

“Regarde chérie celle-là, n’est-elle pas si drôle avec ce petit pagne, vite, passe-moi une banane”. Le bruit de la fenêtre qui se baisse. Un lancer de banane sur le sol. Et une voix qui hurle “on t’a nourrie alors fais-nous ta danse maintenant”.

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