Regardez-moi bien dans les yeux

Publié le : 21 février 20174 mins de lecture

Toute cette effervescence, cette fascination, en ce moment c’est simple vous ne pouvez pas me rater, je suis partout.

T-shirt, bijoux, produits dérivés en tout genre, s’il vous arrive de faire trois pas sans tomber sur moi, alors faites moi signe. D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours fasciné les foules et ce bien malgré moi. Les plus folles rumeurs ont couru sur mon compte. « Il boit le sang des enfants quand la nuit tombe », « regardez, le voilà, la mort est proche ».

Ça ne me dérangeait pas que l’on dise tout cela, je pouvais rester tranquille, me terrer, seul. J’ai toujours aimé la solitude, ces instants de silence, de réflexion. Ce n’est pas parce que l’on se tait et que l’on observe que l’on pense moins, bien au contraire. Je ne suis pas du genre expansif mais ça me permet de sonder les regards, les attitudes d’en apprendre davantage sans livrer quoi que ce soit.

C’est vrai je suis noctambule, le jour ne m’intéresse pas, sa lumière est trop crue, elle simule et dissimule. Dans le noir on y voit plus clair, la nuit réveille les plus bas instincts, les personnalités profondes. Heureusement pour moi certains ne s’arrêtent pas à mes silences et mes abords abrupts, la retenue permet de faire le tri. Je ne garde que les érudits, les subversifs, les incompris, j’aime les frontières floues, le surnaturel. Le sulfureux et  le vénéneux me fascinent car ils sont l’essence de chacun d’entre nous, qu’on cherche à les dompter ou non. Moi par exemple, malgré ma retenue, je tire une certaine fierté de mon port altier et de la crainte que j’insuffle, ma posture justifie mon rang et inversement.

Grand pour certain, moyen pour d’autres je n’en reste pas moins Duc.  C’est à cause du petit à la cicatrice que je me retrouve depuis un moment sur le devant de la scène, je n’avais rien demandé moi et le vieux barbu avait déjà tenté le coup il y a quelques années.

Maintenant en plus toutes les modeuses s’y mettent, la foire et le phénomène me guettent. Tout ce que je demande c’est pouvoir rester tranquille, chez moi. Comme je le disais il y a peu à une frêle hirondelle « c’est les yeux fermés que je vois le mieux et mes pensées voyagent bien plus loin que tes ailes ». Que voulez-vous, personne ne m’épargne. Certains s’en sont aussi pris à mon physique, peut être à cause de la taille de mes yeux ou des mes oreilles asymétriques (si si regardez, la droite est plus haute que la gauche) mais j’ai su tirer partie de ces différences, elles me permettent de mieux repérer mes proies et de me fondre sur elle, sans un bruit.

N’ayez pas peur mesdemoiselles, je n’aime que les rongeurs, les reptiles à la limite. Bon ce n’est pas tout mais le temps passe. Excusez-moi, il va me falloir prendre congé, je ne me sens pas très bien, je me suis bloqué la 14ème vertèbre cervicale.

Baudelaire, Les Hiboux  « Leur attitude au sage enseigne qu’il faut en ce monde qu’il craigne le tumulte et le mouvement ».

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