A nos actes manqués

Une nuit de juin. Ils marchent côte à côte, son bras l’entoure. Sans oser se regarder, sans dire un mot. Peur de rompre la magie. Il y a exactement 8h ils ne se connaissaient pas. Rencontre professionnelle. Et au premier contact une attirance, une connivence. Jeu de séduction, instants volés. A l’abri des regards, des mains qui se frôlent, des yeux qui se noient, des caresses et des sourires, de la tendresse, du désir, et de la déraison. Ils sont vivants, à chaque seconde. Ils se respirent.   Ils arrivent à l’hôtel. L’ascenseur. Des gens montent avec eux. « Vous allez à quel étage ? » 3ème. Lui aussi. Sa chambre à elle est au 2ème. Elle descend. « Bonne nuit… ». Chacun referme la porte. La pièce est vide. Des heures de complicité et la solitude. Ils n’osent pas se rejoindre. Mal au ventre. D’attente, de doute, d’envie. Ils se rêvent. Lendemain. Quelques heures de train les séparent de leurs vies. Retour trop rapide vers l’interdit. Un trajet pour se marquer, se garder. Encore. Maintenir le lien. Parler, de tout, de rien. Ils semblent se connaitre depuis toujours. Ils sont ensemble, juste bien. La paysage défile. Ils s’impriment. Mais ce n’est plus si simple. Au grand jour, ils sont gauches, leurs yeux et leurs doigts fuyants et maladroits. Pas un mot sur la douceur et les choix de la nuit. Etait-ce vraiment partagé hier ? Quelques centimètres séparent leurs mains, qui ne se trouvent pas. Ils pensent déjà avoir imaginé cette évidence. Quelle folie d’avoir cru… ! Le quai. Ils ne sont pas seuls, rapide au revoir, un peu gênés, le pas pressé. L’un email, presque timidement « ravi de t’avoir rencontré, amicalement ». L’autre « amicalement est un peu… froid, non ?». Non, ils n’avaient pas rêvé. Derrière leur écran ils ont retrouvé la liberté de cette nuit de juin. Ils ne se sont jamais revus. Dans les contes et dans leurs songes, ils se recroisèrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Dans la vie réelle, les parenthèses se referment, les rendez-vous se manquent, et on passe à autre chose. End of story.
Pourquoi écrire une biographie personnelle ?
La Soka Gakkai internationale

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