Ecrire et être lu

Il avait passé nombre d’heures studieuses devant son clavier, tapant avec fougue et passion les derniers dialogues. Cela contrastait avec la discipline et la rigueur dont il avait fait preuve en construisant son récit, en préparant ses césures, en posant ses descriptions, en choisissant la métaphore idoine ou la bonne teinte du ciel qu’il souhaitait dépeindre au début de chaque chapitre. Il avait étudié de nombreuses photos pour graver dans sa mémoire les paysages auxquels ils souhaitait donner vie. Ainsi avait-il mentalement parcouru les routes des Hautes-Pyrénées qu’emprunteraient ses personnages. Il s’était documenté sur Nietzsche, sur les Étrusques, sur le nucléaire, sur la pédopsychologie, mais s’acharnait à ce que cette science ne pèse pas sur son discours. Il sentait qu’il y arrivait. Insuffler de la légèreté et une intrigue captivante à ce fond qui avait demandé de réelles recherches. Fièrement, il repensait à quelques métaphores efficaces savamment distillées, à quelques traits d’humour dans les dialogues et à une certaine poésie dans les premiers chapitres. Il éprouvait une pointe d’orgueuil quand à la fin d’une relecture attentive il y mit un point final. Les derniers chapitres étaient forts, les intrigues se nouaient, les dialogues se criaient,  il avait rendu la tension qu’il désirait. Puis vint le temps de chercher un éditeur, de livrer son manuscrit aux griffes mains d’âpres lecteurs en diagonale. Peut-être verraient-ils, par-delà l’histoire de ce premier thriller une réelle plume, capable d’osciller entre délicatesse et colère, et de rendre profond les personnages secondaires les plus insignifiants au premier abord. Puis, il avait entendu parler des Nouveaux Auteurs, il y avait vu à la fois une alternative, une chance et une éventuelle consécration populaire. Citoyenne même. Il ne serait pas jugé par des Editeurs mais par un panel de lecteurs. Il serait choisi par goût et non par potentiel commercial. Si les gens l’aimaient, il seraitpublié à compte d’éditeur, distribué en librairie et sur Internet et promu. Dans l’expectative, ses angoisses remontaient également à la surface. Et s’il s’apercevaient du manque de rebondissements de son intrigue. Que faire s’ils appuyaient trop sur le fait que les personnages principaux étaient parfois moins fouillés que certains personnages secondaires. Il fut choisi. Puis il vit son roman testé, envoyé en blid par Influence Digitale à des lecteurs. Sans idée de son nom, ils liraient ce livre sans titre et donneraient leur avis. Il guetterait à nouveau la publication des notes et des fiches de lecture comme tous les auteurs qui l’avaient précédé sur cette plateforme et comme les nombreux qui suivraient.
Pourquoi écrire une biographie personnelle ?
La Soka Gakkai internationale

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