Lettre à Julian A.
C’est quoi au départ ? Qu’est-ce qui t’a fait choisir cette vie ? Et parler de vie me parait presque malvenu. Regarde-toi maintenant, regarde. Tu survis, tu es la bête traquée, celle vers qui les chiens sont lachés. Et tu penses tenir combien de temps comme ça, hein?
Après tout, peut-être que tes rêves d’adolescent ressemblaient à ça. Peut-être que tu t’imaginais en une sorte de héros romantique, seul contre un système. Tu as déclenché un combat que tu incarnes, un combat qui a ses admirateurs et ses détracteurs mais tu t’en fiches pas mal de savoir lequel des deux camps pèse le plus lourd.
Mais, dis-moi, ce qui te motive au fond, est-ce ta lutte ou bien ton propre personnage ?
Quoi qu’il en soit, tu ne sortiras plus de cet engrenage dont tu es l’initiateur. Il n’y a plus d’issue. Mandat d’arrêt international, menaces de mort… Au mieux, tu réussiras à vivre caché – du luxe, n’est-ce pas ! Dans le pire des cas… Le pire des cas, tu n’y crois pas. Tu sais trop bien que ceux qui chercheraient à te faire taire prendraient le risque de transformer ta quête en croisade.
Peu importe, la machine est lancée, à toute vitesse. Ton avenir n’existe pas, celui de ta course à la vérité lui oui. Que cette vérité démocratise le système ou qu’elle le fasse tomber t’est bien égal, tu considèreras l’avoir assaini. Mais tu n’es pas celui qui décidera de cette interprétation. Tu vois, ce n’est plus seulement ta vie que tu ne contrôles plus.