Il avait fallu 100 hommes à Jacques VI pour découvrir la caverne de Sawney Bean et sa famille en cette nuit hantée du XVIème siècle écossais. La troupe avançait à tâtons dans la brume de la forêt de Bannane Head guidée par les chiens et les lueurs vacillantes des lampes épuisées. Les faibles rayons faisaient naître à travers la bruyère des ombres menaçantes.
Plus que la pluie et le froid, c’était cette atmosphère qui leur glaçait l’échine. Les chiens étaient sur une piste, ils savaient que le dénouement était proche mais leurs pires craintes se révélèrent bien en deçà de ce qu’il allaient découvrir.
Ils étaient à une dizaine de mètres de la grotte quand l’odeur du charnier arriva à occulter totalement celle de la forêt humide qui était pourtant si intense. Se mêlant à la pluie, des larmes d’angoisse se fixaient sur leurs visages. L’entrée de la caverne était devant eux. La famille qu’ils allaient y trouver était responsable de près de 1000 disparitions.
Sawney, sa femme et les autres 46 membres de leur famille presque tous nés de relations incestueuses, se vautraient, en haillons, moitié nus, parmi des lambeaux de corps putrescents , quelques os et leurs excréments. Les hommes du roi avançaient difficilement, voûtés, se frayant un chemin entre les morceaux de corps humains qui séchaient accrochés au plafond.
Ils étaient sur le point de s’écrouler, assaillis par l’odeur et la terreur. Ils en vomissaient alors qu’ils arrêtaient les Bean, silencieux. Ils les enchainèrent à la hâte, les sortirent hors du trou presque en courant, abandonnant la meute et s’éloignèrent au pas de course.
L’odeur resta imprégnée dans leurs narines jusqu’à ce qu’ils arrivent à Édimbourg. La frayeur de les savoir si proches, les visages encore maculés des viscères qui avaient fait office de dernier repas les accompagna également sur le trajet.
Sans aucun procès, on coupa les bras, les jambes et les testicules des hommes Bean en forçant les femmes et les enfants à les regarder se vider de leur sang. On les conduisit par la suite hagards au bûcher où on en brûla certaines vives. D’autres enfin, les plus jeunes enfants en particulier, furent enterrés vivants. Dans la foule, ce n’était pas la curiosité malsaine des exécutions habituelles qu’on lisait sur les yeux des spectateurs mais bien un profond soulagement.
Des siècles plus tard, au fond de cette grotte résonnent encore le cris de quelques fantômes qui firent partie du millier de victimes d’Alexander “Sawney” Bean et de sa famille.
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