Nadine Morano et Sofia Aram dans la cour de récré

A chaque rentrée, on remarque tout de suite que la première de la classe un peu bêcheuse et la comique, caustique et provocatrice vont faire des étincelles. On les sépare donc, on surveille du coin de l’œil dans la cour alors que l’une parade devant les autres, seule, et que l’autre construit sa popularité sur le dos de ceux qu’elle accable. Tant d’élèves, année après année ont limé le vernis de ces chaises de leurs blouses transpirantes lors des contrôles, on n’y prête plus attention, on s’en éloigne même. Tant que les quolibets fusent les dos tournés, on apprend bien vite à ne pas y prêter attention. Au contraire, on ferme les yeux en espérant que ça passe.

Mais que faire quand le mépris mutuel se meut en affrontement frontal. On ne nous l’apprend pas à l’école des instituteurs. Nous savons gérer les affrontements physiques, les regards emplis de haine, les querelles qui souvent en viennent aux mains mais ces joutes verbales, face à face, cette méchanceté incarnée en deux petites filles agitées et virulentes, c’est à la fois désespérant de futilité mais tellement dangereux dans une salle de cours.

On ne se doutait pas que sous la taquinerie et les provocations publiques se cachait un tel réservoir de haine clamée haut et fort. Un débat sans fond dont on ne peut empêcher qu’il prenne des proportions inconsidérées. Pourtant on sait bien qu’il entraîne avec lui toute la classe. Ce n’est pas l’une ou l’autre qui est vulgaire, c’est cet affrontement qui est laid. Ce n’est pas l’une ou l’autre qui ment, c’est la discorde qui n’a pas de fond. Comment expliquer ça à deux fillettes en crise d’adolescence et de reconnaissance ? Quand on sait que toute entente, tout espoir de réconciliation est vain, comment faire en sorte que cette guéguerre ne vienne pas paralyser le reste des élèves, que chacun ne se sente pas le devoir de choisir un camp mais de reconnaître que l’une comme l’autre ont outrepassé des limites qu’il convient de ne jamais approcher ?

Chacune demande maintenant l’exclusion de l’autre. Impossible de répondre à ces appels ridicules de part et d’autre. La route va encore être longue cette année pour leur apprendre à vivre ensemble, leur enseigner que l’on n’a pas toujours raison et que la vie, ce n’est pas de savoir faire mieux mais de savoir faire avec.

L’année commence à peine mais la petite Nadine et la petite Sofia vont nous donner du fil à retordre.

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